🟡 Pourquoi crĂ©er son image de marque ?

 

SĂ©rie sur l’impact de son image — 1/4
Le nouvel album de famille


Ah les humains
. nous sommes Ă  la fois tous diffĂ©rents et tous semblables. On se jauge, s’observe, s’imite. Rien ne permet mieux de constater nos points communs et nos diffĂ©rences que les rĂ©seaux sociaux.

Pourquoi crĂ©er sa marque ? par Sylvie Gendreau Ah les humains
. nous sommes Ă  la fois tous diffĂ©rents et tous semblables. On se jauge, s’observe, s’imite. Rien ne permet mieux de constater nos points communs et nos diffĂ©rences que les rĂ©seaux sociaux

Pourquoi crĂ©er sa marque ? par Sylvie Gendreau, le laboratoire crĂ©atif, les cahiers de l’imaginaire

Facebook et Instagram sont devenus, pour certains, l’album de famille. On pose, on mange, on rigole
 on donne Ă  voir, on dĂ©voile, on partage.

Pour certains, on a mĂȘme l’impression d’ĂȘtre leur miroir, tant ils nous emmĂšnent, l’écran de leur tĂ©lĂ©phone coller au plus prĂšs, dans l’intimitĂ© d’un lit, d’une salle de bain
 au point oĂč l’on se demande, ressentant un certain malaise, s’ils sont bien conscients de cet Ă©talage.

Une explosion de diversité

Il y a ceux qui adorent Ă©taler ce qu’ils ont
 voici ma nouvelle robe, mon nouveau maquillage, mes nouvelles chaussures, ma nouvelle maison
 d’autres aiment tenir les uns et les autres informĂ©s
 voici dans quelle ville je suis, ce que je fais et avec qui
 D’autres, pensant ne s’adresser qu’à des amis intimes, en ont fait un journal sans censure oĂč ils recrachent avec venin leurs colĂšres et leurs souffrances comme une thĂ©rapie.

Il y a Ă©galement ceux qui partagent l’humeur du moment ou l’humour du jour, c’est une dĂ©tente. Ceux qui ont des choses Ă  dire, nous font rĂ©flĂ©chir. Coups de gueule. Coups d’éclat. Coups de cafard. Il y a de tout. Pour tous les goĂ»ts.

Certains refusent carrĂ©ment d’y ĂȘtre alors que d’autres publient les photos intimes aux amis seulement ou, au contraire, certains ne sont jamais assez vus et admirĂ©s
. alors dopamine oblige, une petite publication
 pour booster l’estime de soi et recevoir quelques compliments au passage par le plus grand nombre possible.

Photo Tim Bennet Pourquoi créer sa marque ? par Sylvie Gendreau

Photo Tim Bennet Pourquoi créer sa marque ? par Sylvie Gendreau

Au troisiĂšme trimestre 2018**, Facebook comptait plus de 2,27 milliards d'utilisateurs actifs chaque mois et 1,49 milliards d'utilisateurs actifs chaque jour dans le monde (dont environ 30 millions de Français).

C’est parce que Facebook a fait du bon travail explique Benedict Evans, un des partenaires de la firme californienne Andreessen Horowitz, dans son billet, The End of the News Feed sur son blog *** que nous commencerions Ă  nous lasser de ses photos et albums de famille. Vous adorez votre chien et vous aimez publier le plus de photos de lui sur Facebook, mais pour ceux qui vous suivent
 aprĂšs une ou deux photos, la lassitude vient rapidement. MĂȘme chose pour votre garde-robe
 sauf si vous ĂȘtes une styliste ou un influenceur.

« Les personnes ont Ă©tĂ© tellement nombreuses Ă  partager Ă©normĂ©ment de photos qu’aujourd’hui 50% des efforts des ingĂ©nieurs de Facebook doivent ĂȘtre consacrĂ©s Ă  l'insertion de plus de bruit dans le fil d'actualitĂ© (vos photos et vos billets), et les 50% restants sont Ă  la recherche de moyens de les filtrer, » a tweetĂ© le conseiller en venture capital.

Donc, si vous ĂȘtes parmi ceux qui se plaignent du changement continuel d’algorithmes, sachez que c’est Ă  cause de cette participation incroyable de nous tous. Lorsqu'on s'y met tous... on peut devenir trĂšs bruyants sur les rĂ©seaux sociaux, ce qui oblige les ingĂ©nieurs de Facebook, assistĂ©s de leur intelligence artificielle, Ă  nettoyer derriĂšre notre passage et Ă  choisir ce que nous verrons et ne verrons pas.

La consĂ©quence de ces comportements ? Le fil d’actualitĂ© perd de plus en plus de sa pertinence. Nous commençons Ă  nous dĂ©sintĂ©resser, selon Benedict Evans, de ce flot interminable qui nous apporte finalement peu de chose en comparaison du temps que cela nous fait perdre.

Nouvelle tendance ?

La tendance qui pointerait son nez en 2019 serait plutĂŽt de participer Ă  des communautĂ©s plus petites, mais qui partagent des intĂ©rĂȘts et des valeurs semblables aux nĂŽtres.

Vous verrez de plus en plus de personnes crĂ©er leurs groupes et tenter d’attirer des personnes qui s’intĂ©ressent aux mĂȘmes choses qu’elles, ce qui permet de perdre moins de temps sur les rĂ©seaux sociaux Ă  regarder les autres vivre pour occuper ce temps Ă  apprendre et Ă  crĂ©er des choses avec d’autres.

Cette tendance en rejoint une autre, les CVs comme on les a connus et les cartes de visite sont de plus en plus en voie de devenir des histoires anciennes.

Une image de marque personnelle

Et il y a ceux qui ont besoin de vous. Ils ont quelque chose Ă  vous vendre.

Photo : Jeff Sheldon — Pourquoi crĂ©er sa marque ? par Sylvie Gendreau

Photo : Jeff Sheldon — Pourquoi crĂ©er sa marque ? par Sylvie Gendreau

DĂ©sormais, chaque personne est responsable de son image de marque personnelle. Son CV n’est plus un document oĂč l’on Ă©numĂšre ses faits et gloires, mais plutĂŽt une histoire qui fera vibrer celle ou celui pour qui elle a Ă©tĂ© conçue.

Ceux et celles qui seront habiles Ă  concevoir ces histoires trouveront davantage de partenaires, d’employeurs et de clients. Cette histoire Ă©volue avec chacun, tout au long de sa vie, tout comme son image de marque personnelle. C’est aussi cette histoire qui donnera envie Ă  d’autres personnes de vous suivre.

C’est seulement un hasard, mais aprĂšs une premiĂšre sĂ©rie de trois articles sur l’art des possibles, voici une deuxiĂšme sĂ©rie, de deux articles, sur l’art de se faire voir et connaĂźtre !

Dans le premier article, je parlerai plutĂŽt du phĂ©nomĂšne en gĂ©nĂ©ral alors que dans le deuxiĂšme, j’aborderai l’importance pour les artistes et les journalistes d’entrer dans la danse. Nous verrons certaines stratĂ©gies adoptĂ©es par ceux qui ont compris que ces nouveaux rouages deviennent incontournables pour la longĂ©vitĂ© d’une carriĂšre ou le succĂšs de ses projets et de son entreprise.

Lorsque j’ai choisi ce sujet, plusieurs questions se bousculaient dans ma tĂȘte. Comment devient-on un influenceur ? Pourquoi certaines marques rĂ©ussissent-elles Ă  changer le comportement de plusieurs personnes ? Pourquoi certaines personnes sont-elles suivies alors que d’autres parfois plus intĂ©ressantes le sont beaucoup moins ?

Je voulais comprendre pourquoi cette tendance et quelles compétences développées pour prospérer non seulement dans le monde réel, mais également dans le monde virtuel
 qui occupe de plus en plus une grande partie de notre vie.

Pourquoi cette tendance ?

Quels sont les facteurs clĂ©s qui expliquent qu’un individu s’identifie Ă  une marque sur Internet ?

Que signifie le terme « identification » dans le contexte des réseaux sociaux ?

1. Le contact qui s’établit entre un individu et une marque Ă  laquelle il s’identifie est continu : l’individu dispose d’un accĂšs ininterrompu Ă  la plateforme de la marque, et il peut interagir avec une communautĂ© qui partage le mĂȘme intĂ©rĂȘt pour la marque en question.

2. Il manifeste son attachement Ă  la marque au vu et au su de la communautĂ© ; il le fait savoir, en d’autres mots, devant ses amis.

3. Cette identification est gratuite, contrairement au modĂšle traditionnel, qui exigeait de la part d’un client qu’il achĂšte le produit d’une marque. Dans le monde virtuel des rĂ©seaux sociaux, un individu n’a pas Ă  possĂ©der un produit pour revendiquer son attachement Ă  une marque.

Qu’est-ce que le terme « identification » signifie en tant que tel, ou plus spĂ©cifiquement comment dĂ©finir le terme « identification du client Ă  une marque » (CBI : customer brand identification) ?

Plusieurs définitions se recoupent :

  1. Les fondements psychologiques sur lesquels reposent les notions d’engagement et de recherche de sens que les responsables marketing utilisent pour Ă©tablir des relations avec leurs clients.

  2. La dĂ©cision prise par un consommateur de se dĂ©finir lui-mĂȘme ou elle-mĂȘme en intĂ©grant l’élĂ©ment d’une marque dans la reprĂ©sentation de soi.

On peut tirer de ces définitions les conclusions suivantes :

- L’image de soi d’un consommateur est cruciale. Elle doit ĂȘtre dĂ©finie en fonction d’un groupe de rĂ©fĂ©rence, car un mĂ©canisme de transfert est Ă  l’oeuvre. Lorsque le processus d’identification du consommateur se dĂ©roule au sein d’un groupe de rĂ©fĂ©rence, l’identification est alors plus forte que si cette identification s’était produite Ă  l’extĂ©rieur du groupe.

- Le consommateur, intégré à un groupe de référence, aura moins tendance à rejeter une marque que les individus qui ne sont reliés à aucun groupe.

- La composante symbolique d’une marque (le choix des images) est cruciale car elle doit ĂȘtre comprise comme Ă©tant la projection de l’image de soi que le consommateur souhaite projeter.

Qu’en est-il maintenant, non pas d’une entreprise, mais d’un individu ?

Le Personal Branding ou développer sa marque

Historiquement, le terme est apparu dans les années 90.

Le personal branding est un processus planifiĂ© d’automarketing. Le concept a tout d’abord Ă©tĂ© utilisĂ© par certaines personnalitĂ©s en vue du monde politique ou des affaires. Il s’est ensuite Ă©tendu Ă  l’ensemble de la population.

Dans une sociĂ©tĂ© oĂč prĂ©dominent les rĂ©seaux sociaux, les flux d’information circulent de consommateurs Ă  consommateurs, et favorisent tout naturellement le personal branding.

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Kucharska*** définit les termes suivants reliés aux personnalités branding :

- La marque : un nom, un mot, un symbole ou une combinaison visant Ă  identifier le bien ou le service d’un vendeur de façon Ă  le diffĂ©rencier de ses concurrents.

- Une marque personnelle (personal branding) : un nom (celui d’une personne rĂ©elle) reliĂ© Ă  toutes les caractĂ©ristiques requises pour distinguer cet individu des autres.

- La gestion d’une marque personnelle :

a. Gérer un moi étendu.

b. Processus par lequel un individu consacre des efforts pour se mettre lui-mĂȘme en marchĂ©.

c. Le dĂ©ploiement d’identitĂ©s narratives pour promouvoir sa carriĂšre, son entreprise, ou se trouver un emploi.

Afin de crĂ©er une marque personnelle (personal brand), il est nĂ©cessaire de clarifier ses « bases » : savoir qui on est, ce que l’on veut, les buts que l’on poursuit.

L’expression de soi en vue du dĂ©veloppement d’une marque personnelle efficace passe par une identification claire :

1. Du soi (self).

2. D’un groupe social de rĂ©fĂ©rence (images, croyance, valeurs, buts poursuivis).

 Photo - ARNEL HASANOVI  Pourquoi crĂ©er sa marque ? par Sylvie Gendreau

 Photo - ARNEL HASANOVI Pourquoi crĂ©er sa marque ? par Sylvie Gendreau

La co-construction d’une marque

L’identification de l’utilisateur envers une marque commerciale a un impact sur l’attitude positive qu’ont les autres utilisateurs envers la marque personnelle de cet utilisateur.

Cette hypothÚse a été testée par une chercheuse polonaise sur la plateforme Facebook à partir du modÚle suivant dans lequel on dénombre 7 paramÚtres :

1. L’identification Ă  une marque sur les rĂ©seaux sociaux provoque une attitude positive des utilisateurs d’une plateforme envers la marque personnelle de leurs pairs.

L’expression de soi est une maniĂšre de s’affirmer, et l’expression de soi se produit toujours dans un contexte social. Le groupe de rĂ©fĂ©rence dans lequel se manifeste l’expression de soi a donc une influence Ă  la fois sur l’image de soi ainsi que sur les façons dont l’individu l’exprime.

Plus un individu a la chance de s’exprimer sur une page web d’abonnĂ©s (fan page), plus l’identification Ă  cette page sera forte. Il se produit alors un transfert de sens entre une marque et l’utilisateur de la page en question.

L’expression de soi est de nature subjective, alors que le transfert, lui, est objectif.

2. L’expression de soi de l’utilisateur alimente le processus d’identification avec la marque de la page.

3. Le caractùre distinctif de la marque incite l’utilisateur à s’identifier à cette marque.

4. La possibilitĂ© d’établir des contacts sociaux par l’intermĂ©diaire de la fan page incite encore plus les utilisateurs Ă  s’identifier Ă  la marque.

5. Le caractùre utile d’une fan page a un effet positif sur la tendance qu’ont les utilisateurs à s’identifier à la marque.

6. Le caractùre divertissant d’une fan page a un effet positif sur la tendance qu’ont les utilisateurs à s’identifier à la marque.

7. L’identification Ă  une marque a un effet positif sur la loyautĂ© des utilisateurs envers la marque.

Des résultats étonnants !

Les résultats de ce modÚle testé par la chercheuse polonaise sont étonnants.

Un seul paramĂštre s’avĂšre trĂšs important : l’expression de soi. Tous les autres sont relĂ©guĂ©s au second plan.

Ainsi, le personal branding, rĂ©alisĂ© par l’identification Ă  une marque sur les rĂ©seaux sociaux, n’est pas fortuit, mais est le rĂ©sultat d’une stratĂ©gie voulue et planifiĂ©e de la part des utilisateurs.

Une marque commerciale doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un outil pour crĂ©er une marque personnelle.

Par consĂ©quent, la crĂ©ation d’une marque personnelle par l’identification Ă  une marque commerciale sur les rĂ©seaux sociaux dĂ©termine les valeurs créées par la marque commerciale sur sa plateforme.

Sur le plan pratique, pour construire une marque sur Facebook (en l’occurence), il est nĂ©cessaire de livrer un contenu qui se focalise sur les utilisateurs et sur l’image qu’ils ont d’eux-mĂȘmes, et non sur la marque.

Pour ĂȘtre efficace, une marque ne doit pas ĂȘtre le point d’intĂ©rĂȘt des contenus qu’elle prĂ©sente sur sa fan page. La nature des contenus prĂ©sentĂ©s peut susciter l’intĂ©rĂȘt pour la marque, mais dans le contexte concurrentiel actuel cela n’est pas suffisant.

VoilĂ  qui est fascinant. Les marques auxquelles nous nous identifions, les communautĂ©s auxquelles on adhĂšre nous permettent d’exprimer qui nous sommes. C’est notre personnalitĂ© qui s’étend dans ce monde virtuel.

Il y a dĂ©jĂ  plusieurs annĂ©es maintenant que j’encourage mes Ă©tudiants Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  leur histoire et Ă  leur prĂ©sence sur les rĂ©seaux sociaux. Parfois, j’en choque certains
 car ils veulent, Ă  tout prix, protĂ©ger leur vie privĂ©e.

Le souci ?

Ce n’est plus un choix. Si l’on veut survive dans ce monde de plusieurs milliards de personnes, se dĂ©velopper et prospĂ©rer, on doit s’occuper de son image personnelle. Faire connaĂźtre ses compĂ©tences et rejoindre les rĂ©seaux et les communautĂ©s qui nous permettent d’exprimer qui nous sommes.

S’en exclure, c’est se mettre en danger de survie, sauf si devenir un ermite est dans nos plans. Mais pas de panique, je proposerai des clĂ©s pour agir dans la prochaine chronique et d’ici lĂ , je vous propose l’exercice de la semaine pour commencer Ă  y travailler.

DĂ©velopper son image personnelle peut devenir un projet de crĂ©ation Ă©volutif qui nous accompagnera tout au long de notre existence. Le faire en Ă©tant plus conscients des valeurs que nous souhaitons dĂ©fendre peut ĂȘtre trĂšs intĂ©ressant. Faites-moi confiance

Envie de tenter l’expĂ©rience ?

DĂ©couvrez l’exercice No. 103

Créer sa marque perso

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*The essential brand persona: storytelling and branding
* Au troisiĂšme trimestre 2018, Facebook
** The End of the News Feed sur son blog
*** Kucharska

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